75 – le projet

C’est l’histoire d’une rue, une rue qui a failli disparaître. Et avec elle, tout un enchevêtrement d’histoires, balancées dans la grande benne des déchets divers de cette ville. Toxiques, lourdes, sales ; ou simplement égarées, puis oubliées. On a renové la rue, elle a rejoint le plan de la ville. Les nouveaux portails en fer se ferment sur des cours intérieures ; des digicodes ont remplacé les poignées. Toutes les traces d’un naufrage, qui est celui d’un siècle parisien dans l’océan du temps, ont disparu, ou presque. Je suis tombée sur un ou deux vestiges, par hasard, rejetés sur la chaussée, justement au moment où la rue entrait dans sa longue réhabilitation. Ils en cachaient d’autres, toute une émeute de détails tapis au fond de cette impasse qui n’en était pas véritablement une, prêts à s’insurger, à transformer ce lieu en une enveloppe mouvante. J’ai voulu m’y tenir, en équilibre, pour essayer de voir ce qui risquait de nous être dérobé, et de m’échapper. Pas tant une envie de préserver quelque chose que le sentiment que, face à ces immeubles dévastés dont les portes bâillaient et les fenêtres lorgnaient à moitié aveugles, j’avais à me confronter à ma présence ici, dans ce quartier aux confins de cette ville choisie pour des raisons aujourd’hui floues, à m’attacher enfin, passante toujours, mais qui aura été en France.

Le projet plus en détail…

Flânerie ou psychogeography?

A Year in the Mud of Reconstruction – on public and private culture, for the MHRA conference, 2016